Les différentes classifications de l’autisme

De l’ « autisme de Kanner » au « TSA » en passant par les « TED »…

Récapituler les différentes catégories diagnostiques de l’autisme au sein d’un tableau synthétique peut présenter un intérêt : pour le parent ou le professionnel désireux de savoir rapidement sur quelle classification – et époque – s’appui un diagnostic ; pour pendre connaissance de l’évolution nosographique des appellations ayant pu faire référence historiquement à l’autisme de près ou de loin ; pour actualiser son vocabulaire.

Les principales classifications

Actuellement, il est explicitement recommandé (rapports HAS, 2012) d’utiliser les terminologies employées par les classifications internationales (DSM V, CIM 10). Cette rigueur permet notamment d’homogénéiser la formulation des diagnostics donnés aux parents et faciliter les travaux de recherche. Nous ferons allusion aux 3 classifications suivantes :

  • la CIM : Classification Internationale des Maladies, publiée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Version actuelle : la CIM-10.
  • le DSM : « Diagnostic and Statistical Manual of mental disorders » ;  manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, le plus utilisé en psychiatrie, créé par l’American Psychiatrie Association (APA). Version actuelle : le DSM V.

Le système DSM, propose dès les années 80 des nomenclatures classifiées et standardisées, instaurant notamment des critères diagnostiques explicites, l’adoption d’une approche athéorique pour un recours à des critères plus objectifs et dès la 4ème version, la revue complète et systématique de la littérature, l’analyse des données déjà collectées sur des points de controverse et des larges études sur le terrain.

  • la CFTMEA : Classification Française des Troubles Mentaux de l’Enfant et de l’Adolescent ; établi sous la direction du Pr. Roger Misès.

Contrairement au DSM qui définit des entités fixes, strictement exclusives les unes des autres, la classification française vise à identifier des organisations psychopathologiques, susceptibles d’évoluer et de se transformer. Ses partisans soutiennent pouvoir prendre en compte des repères à la fois catégoriels et dimensionnels. Elle repose principalement sur des repères théoriques psychodynamiques.

La CFTMEA se démarque ainsi par sa volonté de conserver les spécificités de la pédopsychiatrie française.  Une correspondance avec la Classification Internationale des Maladies (CIM 10) est néanmoins requise. Cependant, cette correspondance n’est pas absolue, en particulier dans le cas de l’autisme, encore mêlé à la catégorie des Psychoses, ce qui est très controversé. Cette vision est en effet considérée comme obsolète aux yeux des recommandations, l’origine neurodéveloppementale des troubles autistiques étant actuellement la plus étayée scientifiquement. La CFTMEA n’est plus représentative au niveau des publications internationales et des recherches épidémiologiques.

Tableau de synthèse des classifications

Nous ne traiterons pas ici la description des critères diagnostiques ni de leur pertinence clinique. Nous ne mentionnerons que les catégories principales pour chaque classification ainsi que les sous-catégories s’y rapportant (cliquer sur la bibliothèque) :

classification Autiste/TED/TSA

Tableau récapitulatif des classifications

À retenir

Au regard des repères chronologiques exposés dans ce tableau, nous relevons différents éléments : L’association entre psychose et autisme (CFTMEA, 1988) date de plus de 20 ans et son abandon des nomenclatures internationales rend désuet certaines sous-catégories telles que les « dysharmonies psychotiques » par exemple. Le basculement de l’appellation du Trouble Envahissant du Développement (TED) vers celle du TSA  (traduit initialement par Trouble du Spectre Autistique à la sorti du DSM V en 2013 puis par Trouble du Spectre de l’Autisme dans sa traduction française officielle en 2015) rend compte de l’hétérogénéité phénotypique et du continuum existant au sein de la diversité des personnes avec autisme. Malgré que la CIM fasse habituellement autorité à l’internationale, le DSM V est le plus récent (en attendant la CIM 11, à l’étude depuis juin 2018) ce qui explique pourquoi l’appellation « TED » (DSM 3-R ; CIM 10) soit encore souvent évoquée malgré le consensus actuel pour parler de « TSA ».  Le diagnostic de syndrome d’Asperger disparait du DSM V, se retrouvant inclus dans les TSA. Nous parlons à présent plus couramment d’autiste de haut niveau (high-functioning autism). Enfin, du DSM-3 au DSM-5 les critères concernant l’autisme ne font que s’élargir, incluant de ce fait davantage d’individus dans le spectre de l’autisme, ce qui constitue un des arguments explicatifs au vue de l’augmentation de la prévalence de l’autisme.

Classification TSA DSM V

Aurélien D’Ignazio, psychomotricien.

Références Bibliographiques

American Psychiatric Association (1980), dsm-iii. Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (third edition), trad. franç., (1983); dsm-iii-r (third edition revised), (1987), trad. franç., (1990); dsm-iv (fourth edition), (1994), trad. franç., Paris, Masson, (1995); DSM-5 (fifth edition), (2013).

Barthélémy et coll (2011). Supprt de cours : Autisme(s) : évolution nosapgraphique. Vers le DSM-V.

Bursztejn, Raynaud, Misés. (2011). Autisme, psychose précoce, troubles envahissants du développement. Annales Médico-Psychologiques, Revue Psychiatrique, Elsevier Masson, 2011,

CFTMEA (1987). Classification Française des Troubles Mentaux de l’Enfant et de l’Adolescent. Version Révisée (2012).

CIM (1993). Classification internationale des troubles mentaux et des troubles du comportement, oms, éd. franç., Paris, Masson.

Hochmann (2009). Rencontre avec Jacques Hochmann. Autisme : deux siècles de polémiques.Sciences Humaines, 206, p.29, Juillet 2009.

Hochmann, J. (2010). Histoire et actualité du concept de psychose de l’enfant. L’information psychiatrique, volume 86,(3), 227-235. doi:10.3917/inpsy.8603.0227.

Kanner (1943). « Autistic disturbances of affective contact » Nervous Child, 1943, 2, 217- 250

Misès (1997). Parents et professionnels devant l’autisme.

Recommandations HAS (Mars 2012)https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_953959/fr/autisme-et-autres-troubles-envahissants-du-developpement-interventions-educatives-et-therapeutiques-coordonnees-chez-l-enfant-et-l-adolescent

 

Pour aller plus loin

Réflexion sur les nouveaux critères diagnostics du DSM V : http://proaidautisme.org/wp-content/uploads/2014/04/Changes_to_DSM5_FR.pdf

Infographie sur les différences entre DSM IV et DSM V : http://spectredelautisme.com/trouble-du-spectre-de-l-autisme-tsa/Manuel-diagnostique-et-statistique-des-troubles-mentaux-dsm/

Infographie sur les niveaux de sévérité des TSA selon le DSM V : http://spectredelautisme.com/data/documents/Affiche-Niveaux-de-severite-en-autisme-TSA.pdf

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MAHE

Très bon analyse et capacité de synthèse des problématiques sur l’autisme. Très didactique et accessible.

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