La difficulté pour couper les ongles de son enfant autiste / TSA

Couper les ongles de son enfant autiste ? Parfois un vrai défi…

Bien entendu, il n’existe (malheureusement) pas de procédure « miracle », applicable à tous les enfants autistes… Il convient néanmoins de considérer les différents aspects pratiques qui interviennent dans l’action de couper les ongles afin de tenter d’expérimenter, tester et généraliser des astuces susceptibles de fonctionner… parfois ! En effet, raccourcir les ongles (ou les cheveux) n’est pas une pratique si anodine qu’elle n’y parait car il s’agit bel et bien d’ôter une « petite partie du corps », dans un contexte souvent inconfortable pour les personnes avec autisme (proximité avec l’autre, immobilité contrainte…).

Plusieurs aspects à considérer :

  • L’aspect matériel : La coupe aux ciseaux peut être mieux supportée que le coupe-ongles. De plus, couper les ongles en sortant du bain (voir même dedans) est à privilégier car permettant une coupe plus aisée. Pour certaine famille, le port d’une veste ou d’une couverture lestée lors du rituel de coupage des ongles a pu permettre d’aider l’enfant à se « poser » lors de ce moment si sensible.
  • L’aspect sensoriel :

-au niveau tactile : En cas d’hypersensibilité tactile (seuil de tolérance particulièrement bas, entrainant des réactions d’évitement au toucher), nous essaierons de « préparer » les récepteurs cutanés (pressions profondes au niveau de la pulpe des doigts, brossages tactiles…) avant de les stimuler directement lors de la coupe.

brossage tactile psychomotricien vêtement TSA

-au niveau auditif :  En cas d’hypersensibilité auditive (seuil de tolérance particulièrement bas, entrainant des réactions d’évitement à certains bruits du quotidien), nous retrouvons la préférence des ciseaux au coupe-ongles (car moins bruyants) et la coupe à la sortie du bain (car les ongles sont plus mous). Il est également possible de proposer un environnement sonore agréable (écoute musicale…) voir un casque anti-bruit.

En dernier recours, certains familles ne peuvent procéder à la coupe des ongles uniquement lorsque l’enfant est endormi…

  • L’aspect « prévisibilité » : Nous conseillons d’intégrer la coupe des ongles dans un rituel (anticipé idéalement via un calendrier visuel), inscrit dans une même succession d’événements (exemples : une fois par semaine ; après le bain ; par la même personne ; durant une comptine ; suivi du même renforçateur particulièrement agréable, etc.).
  • L’aspect « motivationnel » : Pour soutenir cette séquence, les principes des méthodes d’éducation structurée (type ABA…) visant l’émergence et le maintien d’un comportement adapté peuvent s’appliquer à ce contexte. Par exemple en commençant par fournir un renforçateur pour chaque ongle coupé, puis un peu plus tard pour chaque main « complétée », pour finir par renforcer uniquement l’ensemble de la séquence. Selon le niveau de compréhension de la personne, les systèmes d’économie de jetons peuvent également s’appliquer.

 

  • L’aspect attentionnel : Selon les centres d’intérêt de l’enfant, détourner son attention peut être utile pour qu’il se focalise moins sur l’action anxiogène (écoute musicale, boule lumineuse, projections murales, tablette tactile…).

 

  • L’aspect ludique et pédagogique : Ne pas hésiter à se couper les ongles devant l’enfant, jouer à couper les ongles d’une poupée, « faire semblant », regarder des vidéos pédagogiques (Youtube…) afin qu’il puisse identifier au mieux l’action qu’on attend de lui, prendre de la distance par rapport à celle -ci et pourquoi pas user de ses facultés d’imitation.
  • L’aspect somatique (sommeil, douleur…) et l’ « humeur » du jour rentrent inévitablement en jeu lors de toutes pratiques et activités pouvant être anxiogènes pour les enfants avec TSA. Choisir donc un moment relativement « serein » pour l’enfant.

 

Ces astuces pédagogiques ne sont pas l’apanage de professionnels en particulier. Il est évident que les parents sont concernés au premier plan. Les éducateurs(-rices) et encadrant(-e)s du quotidien peuvent également y être confrontés. Les ergothérapeutes sont directement formés pour agir sur les activités réalisées en milieu écologique tout en proposant des adaptations si nécessaire. Les psychomotriciens apportent également leur point de vue compte tenu de leurs connaissances de certains  aspects sous-jacents (les aspects sensoriels, le travail de réassurance au niveau du corps, l’intégration du schéma corporel…) et de leurs formations complémentaires auprès des enfants/adultes présentant un Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA).

 

Bon courage !

Aurélien D’Ignazio, psychomotricien.

 

Pour aller plus loin :

Au sujet de l’hypersensibilité : https://www.psychomotricien-liberal.com/2017/09/10/hypersensibilite…me-hypersensible/

Au sujet du bilan psychomoteur pour enfant TSA : https://www.psychomotricien-liberal.com/indications/#autisme

Au sujet des recommandations HAS : https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_953959/fr/autisme-et-autres-troubles-envahissants-du-developpement-interventions-educatives-et-therapeutiques-coordonnees-chez-l-enfant-et-l-adolescent

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