La notion d’ESPACE en psychomotricité

L’espace est un concept polysémique dans la mesure où il possède plusieurs sens selon le contexte et la discipline concernée (l’espace en astronomie, l’espace psychique en psychologie, l’espace géographique, l’espace vital…), la notion de temps lui étant très souvent rattachéel’espace-temps », « l’espace d’un instant »…).

Au sens commun, l’espace est un lieu plus ou moins défini où peut se situer quelque chose.

En psychomotricité, la notion d’espace se rapporte à la conscience que l’individu possède de son environnement et comment il s’y organise.

Être en mesure de se représenter et de concevoir l’espace est une compétence qui découle de l’expérience du corps, point de départ du soin psychomoteur :

« le mouvement est à la source des représentations spatiales » (Piaget J., psychologie du développement)  ;

« penser l’espace, c’est (…) s’y orienter, s’y mouvoir et s’y déployer » (Lesage B., Médecin, danse-thérapeute.) ;

« un corps immobile n’aurait jamais pu concevoir l’espace » (Poincaré H., Physicien).

Ainsi, l’action motrice contribue à inscrire la personne dans un espace-temps et consolide la place du corps comme un référentiel organisateur. Nous pourrions alors comparer l’importance des repères corporels à celle de la pastille « vous êtes ici » figurant sur le plan d’une ville inconnue dans laquelle vous cherchez à vous orienter.

vous-etes-ici

La conscience de l’axe du corps permet de concevoir et de distinguer une droite d’une gauche ; de même pour les autres repères de base (haut/bas, devant/derrière, etc.) qui s’appuient sur des éprouvés corporels dans un premier temps avant de pouvoir se mentaliser (se représenter une distance par exemple) et se transférer éventuelement sur une activité graphique (se repérer en géométrie, s’organiser dans l’espace de sa page…).

espace psychomotricité

L’intégrité des systèmes sensoriels revêt également une part importante dans la construction de l’organisation spatiale en nous renseignant en permanence sur notre environnement : ce que je peux entendre, ce que je peux toucher, ce que je peux voir… assurant ainsi une cohérence d’ensemble.

Dans un cadre expérimental, Held et Hein (1963) ont montré à quel point le couplage de l’information visuelle à l’action effectuée par l’organisme dans un environnement donné était fondamental pour structurer la perception de cet environnement (des distances, de la profondeur, des volumes…).

Pédagogiquement, nous dégagerons trois composantes nécessaires à l’organisation spatiale, infuencées par le développement de l’intelligence et les stimulations apportées par l’entourage :

– percevoir efficacement son environnement (pouvoir compter sur sa vue et la motricité de ses yeux sera déterminant pour littéralement « décoder » l’espace environnant) ;

– évoluer efficacement dans son environnement (pouvoir compter sur un bon équipement moteur et un bon schéma corporel sera déterminant pour bouger, agir… et se représenter mentalement l’espace afin de s’y orienter et s’y repérer) ;

– manipuler son environnement (multiplier les expériences manipulatoires variées tout en pouvant s’appuyer sur la coopération entre son œil et sa main sera déterminant pour développer les habiletés de construction et de géométrie dans l’espace).

Modélisation des composantes contribuant à l’organisation spatiale

Modélisation - l'organisation spatiale [Extrait de 100 idées pour développer la psychomotricité des enfants - D'Ignazio-Martin 2018]

Idées pour distinguer la droite et la gauche (extrait)

Retrouver dans ce chapitre de notre ouvrage d’autres conseils pratiques concernant l’espace :

  • les repères d’âge pour mieux situer son enfant
  • idées pour maîtriser les repères de base
  • idées pour s’entraîner à mieux percevoir l’espace
  • idées pour mieux s’adapter à l’espace
  • idées mieux se repérer dans l’espace
  • idées  en cas de difficulté persistante de distinction droite/gauche
  • idées faciliter la prise d’information visuelle sur un document
  • Comprendre la dyspraxie visuo-spatiale

Référence bibliographique

Held, R., & Hein, A. (1963). Movement-produces stimulation in te development of visually guided behavior. Journal of Coparative and Physiological Psychology, 56(5), 872-876

En savoir plus

Sur la spécificité du bilan psychomoteur : https://www.psychomotricien-liberal.com/bilan-psychomoteur/#bilanpsychomoteur

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Adeline Mougin

Bravo pour vos textes si clairs et didactiques! J’ai une question pratique: où puis-je trouver ce système de pinces et de fils à tendre entre des bâtons (1ère photo avec le petit garçon)? En parcourant différents catalogues je ne les ai pas trouvés et ils me seraient bien utiles. Merci d’avance!

Réponse
Aurelien_Dignazio

Bonjour Adeline et merci pour ton retour encourageant. Il s’agit du jeu « Chrono Bomb » (trouvable par exemple chez Oxybul. Bonne continuation à vous.

Réponse
MARROU Léna

Bonjour,
Pouvons nous avoir votre bibliographie s’il vous plait ?
belle journée.
Léna MARROU

Réponse
Aurelien_Dignazio

De Lièvre, B. et Staes, L. (2006). La psychomotricité au service
de l’enfant. De Boeck & Belin.

D’Ignazio, A., Martin, J. (2018). 100 idées pour développer la psychomotricité des enfants. Paris : Tom Pousse.

Lesage, B. (2006). Naître à l’espace : Prémices d’une clinique
élargie. Enfances & Psy, vol. 4, n° 33, p. 113-123. Toulouse : Érès.

Mazeau, M. (2000). Déficits visuo-spatiaux et dyspraxies de l’enfant. Paris : Masson.

Soubiran, G., Mazo, P. (1965). La réadaptation scolaire des enfants intelligents par la rééducation psychomotrice. Douin éditions.

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